Culture, j’écris ton nom

Depuis la première vague de la pandémie et le premier confinement en mars, un pan immense de ce qui constitue l’essence de notre humanité s’est retrouvé dévasté, sacrifié, oublié. Il s’agit de la Culture. Un mot qu’il faut visiblement réintégrer aux discours politiques. « La culture est l’âme de la démocratie », disait Lionel Jospin le 19 juin 1997.

Affaire Chloé Briot : Protéger enfin

En mars dernier, la soprano Chloé Briot a porté plainte contre un chanteur pour des faits de harcèlement et d’agression sexuelle dont elle aurait été victime sur une production. Puis, le 19 août, La Lettre du musicien a publié son témoignage qui fit grand bruit, rompant ainsi avec l’omerta caractéristique du milieu. Récemment, au micro de Jean-Baptiste Urbain sur France Musique, elle s’est exprimée plus amplement, expliquant la teneur de sa démarche et la nécessité d’informer afin qu’une réflexion soit menée et que des mesures soient prises. Cette démarche est significative , puisque le milieu de l’opéra français n’a pas encore eu son « Me too ». Aussi, la ministre de la culture Roselyne Bachelot a procédé à un signalement auprès du procureur de la République afin de « manifester sa ferme volonté de prendre toute la mesure des violences sexistes et sexuelles dans le milieu musical. »

Psychologie amoureuse du piano

Il fut une époque où nos aînés pianistes avaient l’habitude, lors d’un concert et en guise de préambule, de « titiller » le piano, c’est-à-dire de « jeter » quelques arpèges, quelques accords, une esquisse dans la tonalité à venir – comme une manière de conjurer le sort en amont, de rompre la glace… Et cette esquisse amoureuse s’évanouissait soudain pour laisser place au programme attendu.
Cette tradition s’est totalement perdue, laissant place aujourd’hui à un état « clinique » du piano en concert, sans aucun contact après que « l’installation » a eu lieu.

De l’interprétation de la création

Peut-on définir les liens qui unissent les domaines de l’interprétation et de la création? Les fondements de cette réflexion ont pris naissance lors d’une discussion avec un ami peintre et plasticien, qui déplorait le fait que les artistes-plasticiens soient mis sur un piédestal. « La fonction créatrice du plasticien génère une forme d’orgueil, un sentiment d’omnipotence » disait-il. C’est ainsi qu’il m’a demandé de lui parler de la manière dont je vivais ma création de musicienne-interprète telle qu’elle se présente au concert.
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De l’engagement au changement

« N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas » ? (Voltaire).
Qu’est-ce qu’un art engagé ? L’engagement, si l’on conçoit ce substantif de manière instinctive, induit l’idée d’action, de mouvement, de direction, de sens. En réalité, la quête de sens est déterminée par une idée physique, puisque, selon la philosophie aristotélicienne et empirique : « Rien n’est dans l’esprit qui ne fût d’abord dans les sens. » Nous pensons et élaborons des concepts en relation directe avec ce que nous vivons et expérimentons. Mais ces concepts peuvent à leur tour introduire une dynamique de changement et participer de fait à une nécessité brute et vitale.

« On n’entend rien », ou le sentiment amoureux en musique

Connaissez-vous l’historien de l’art Daniel Arasse et son ouvrage « On n’y voit rien » ? Il s’agit d’une succession de descriptions iconoclastes et érudites de tableaux, basées sur de solides connaissances historiques et iconographiques.
Partant du postulat qu’on ne voit pas réellement une œuvre d’art telle qu’en son essence primordiale, mais qu’on la fantasme par nos propres projections égotiques et culturelles, l’auteur propose un regard neuf et dépoussiéré sur l’art en général : retraçant la genèse de l’oeuvre, il cherche à voir ce que la toile dit elle-même.